Assise dans le bus. A demi somnolente la tête posée contre la vitre. Mes écouteurs sur les oreilles. Dehors le ciel était bien gris, il y avait aussi de la pluie. Mais pas celle qui mouille beaucoup, juste celle que j'aime bien. Les gouttes glissaient sur le bus. C'est beau la pluie de l'autre coté de la vitre. Il faisait froid, un tout petit peu. Un petit frisson de temps en temps et un regard bien mélancolique. Je me souviens de deux milles sept. L'année des grosses tempêtes. Comme si on avait pas assez donné comme ca. Comme si le sort ne c'était pas assez acharné. j'ai repensé à l'année dernière, j'ai soupiré, un long soupir. Et je crois que le monsieur en face de moi à entendu, il a sourit. J'avais envie que le temps s'arrête. Là, assise dans ce bus, la chair de poule sur les bras, et de la pluie dehors, j'avais envie que le temps s'arrête. Mais le feu est passé au vert, et j'ai fini par arriver chez moi.

Un café à deux heures du mat'. Une histoire de sucette. Des personnes avec qui on aimerait bien refaire le monde. Une pièce pile ou face. Un sourire qui n'apparait plus de l'autre coté de l'ecran. Un feu rouge. Une lettre empoisonnée. Un pantalon blanc. Une bagarre dans un lit. Un billet de train. Un I Love Paris. Un jour de gay pride. Un nouvel an. Un arret de bus. Des quai de Saône. Un parc pour enfants. Un scrabble. Un Monsieur Jules. Un Bob&Ben. Le numéro de Beni c'est fini. Des tonnes et des tonnes de souvenirs encore. Trois Messieurs. Une chanson.
Comme si l'amour durait l'éternité. Et toutes ces promesses qu'on s'était jurée.

C'est marrant comme parfois, on peut se reprendre son passé dans la figure. Quelle ironie du sort. Il suffit juste d'un rêve, d'un réveil un peut secoué et puis tout nous retombe dessus, d'un coup, comme une grosse giboulée du mois de Mars. Alors on ferme les yeux, peut etre pour se rendormir, peut être pour oublier et penser à quelque chose d'autre. Mais souvent le noir fait apparaitre justement les images qu'on aimerait faire disparaitre. C'est drole ce sadisme du cerveau humain. Comme si ce n'était pas plus simple d'oublier ce dont on ne voulait plus se souvenir.

Ce matin je me suis prise une enclume sur la tête. Et ca m'a rendormie aussi sec. J'ai eu mal, jusque dans cet organe plein de sang qui tape dans ma poitrine. Et puis il a bien fallu que je finisse par me lever. Il y a certaine journée comme ca, des fois, qui on le sait, ne se passeront pas comme on voudrait qu'elles se passent. Mais j'avais quand même pas envie de rester enfouie sous ma couette. Alors je me suis levée, j'ai allumé la musique qui m'a trotée dans la tête toute la nuit, bu un chocolat bien chaud, me suis mise en boule sur ma chaise de bureau, mon ordinateur en face de moi et je me suis lancée dans un nouvel habillage. Marre de ce violet qui parraissait marron sur l'ordinateur de la maison. J'ai mis toutes les couleurs que le soleil ne fait pas apparaitre aujourd'hui dedans. Ca m'a redonné un bout de sourire, et ma bosse est partie.

C'était un après midi à faire des bulles et j'aurais voulu que ca dure des heures. Elles avaient des sourires à faire chavirer mon coeur. Il y avait le soleil, et à l'ombre des arbres on s'est assise. Le temps de quelques mots, de quelques secrets. Une blonde, une rousse, une brune, les droles de dames. On joue au droles de dames, et quelques photos en noir et blanc dans une cabine de photomaton. On rêve de partir, là où l'on est jamais allée. On parle de toute ces choses interdites. C'était comme si le monde avait fait une pause, pendant quelques heures on a oublié toutes ces choses sans vraiment les oublier, juste pour qu'il y ai sur nos visages un sourire ensoleillé qui apparaisse.


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